Pour entrevoir le saut culturel que nous allons vivre, je vous invite à lire le message « inquiétant » du psychologue clinicien Yann Leroux qui met en garde les parents contre l’usage incontrôlé du hors-ligne :
«Depuis quelque temps […] dans les cours de récréation, on ne joue plus à Nintendogs ou à Legend of Zelda mais au Loup ! Les enfants se courent après et doivent s’attraper. Pris dans l’excitation du jeu, il arrive que certaines saisies et certaines poussées soient trop brutales et, inévitablement, les cas d’accident se multiplient.»
«Il n’y a rien de moins créatif que ces jeux»dit-il, et les parents devaient s’alarmer de ce que leurs enfants se détournent ainsi de «ce qui consiste le cœur de nos sociétés». C’est-à-dire la culture numérique.
Ironique à souhait, brillant dans sa parodie, Yann Leroux reprend nos travers quand il s’agit de critiquer la culture numérique d’aujourd’hui.
La culture numérique est arrivée
Pourtant, l’informatique a franchi un formidable pas dans la dernière décennie (j’ai écrit récemment que la montée des médias sociaux constituait la nouveauté des derniers 10 ans sur Internet) en montrant qu’elle n’isole plus les individus, mais les réunissait davantage.
On ne dit plus «Internet», le «web» ou le «net», mais bien «réseau», comme dans «réseaux sociaux numériques». Le tabou est tombé, le réseau n’est plus une «dépendance rentable» ; la culture numérique peut commencer à se diffuser (lire mon billet Péché original des réseaux sociaux numériques et Révolution rhétorique ?).
«Ce qui est au cœur de notre culture, c’est la complexité, et c’est de cette complexité que le numérique est à la fois le vecteur et l’image.
Une simple quête de Legend of Zelda ou de World of Warcraft fait surgir une succession de quêtes emboîtées les unes dans les autres. Il faut se souvenir des lieux, de la chose à faire, des personnages. Il faut construire la narration, il faut élaborer des hypothèses, il faut construire des stratégies. La complexité augmente encore lorsque l’on joue en multijoueur puisqu’il faut accorder les délicats mécanismes sociaux pour pouvoir réussir la quête.»
En situant son discours dans un monde où le retour au off-line est pratiqué par les plus jeunes, Yann Leroux parodie les bien-pensants qui paniquent dès que de leurs jeunes ne font pas comme eux : «Voilà que maintenant des enfants tournent le dos aux apprentissages premiers de la complexité [numérique]? Quels types d’adultes est ce que ces enfants deviendront ? »
Lire la suite sur Psychologik : Les nouvelles dépendances, par Yann Leroux…
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