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Leçon d’un con

On connait tous l’histoire. Sur Facebook, cette semaine, un sondage généré par un utilisateur sur Facebook demandait « Obama doit-il être assassiné ? ». Rien de moins. Les services secrets du président en question ont vite retrouvé les traces du délinquant… un ado.

« Attention à ce que vous postez sur Facebook, cela pourrait se retourner contre vous tôt ou tard. » Le président américain ne croyait pas si bien dire, mardi 8 septembre, devant d’une école.

Et oui ! 3 semaines après, voilà un jeune qui n’a rien compris du message. C’est que, affirmait Obama, « (…) quand on est jeune, on fait des erreurs, on fait des trucs idiots « . Aujourd’hui, les services secrets ont dû lui propager ce que le président avait dit. Après avoir été  » interrogé en présence de ses parents », le mineur délinquant en question ne serait pas poursuivi, ont-ils dit.

Si vous ne connaissez pas l’histoire, c’est bon signe. Vous ne passez pas votre temps devant l’ordinateur. De plus, il y a fort à parier que votre journal préféré n’en a pas parlé (ce qui fait changement du temps, pas si lointain, où les rédactions font les gorges chaudes de la paille dans l’oeil d’internet avant de comprendre qu’ils étaient du mauvais bord de la branche qui se faisait scier)

Avons-nous tirer toutes les leçons de la mésaventure du petit con? Oui ? Vraiment ? Je ne suis pas si sûr. Reprenons.

« Pour commencer, je voudrais que vous tous fassiez attention à ce que vous postez sur Facebook parce qu’à l’époque de Youtube, quoi que vous fassiez, on vous le révèlea à un moment ou un autre de votre vie» (Dixit Obama, source Le Monde 9 septembre 2009)

Si vous avez compris qu’il ne fallait plus mettre de sondage en ligne sur Facebook, vous n’avez qu’un seul point sur quatre. Même pas la note de passage.

Il y a trois autres apprentissages.

1- l’anonymat et la vie privée n’existe pas. Oubliez la ‘politique de confidentialité’. À tout moment, quand le pouvoir en place le décide, il n’y a plus rien qui ne tient : Facebook ou pas, la plateforme va fonctionner pour découvrir le délinquant. La Chine le fait. L’Occident aussi. Cessez de croire qu’un droit numérique vous protège dans l’anonymat. Les outils à votre disposition, qu’il soit 2.0 ou non, avec une politique de confidentialité béton ou non, vous lâcheront à la première occasion. Appelons ça un attrape-con. La ligne des mineurs fait sa propre auto-sélection.

2- Compte tenu du point 1, il n’y a maintenant plus aucune raison de croire qu’un sondage de ce type peut être sérieux. Aucun terroriste professionnel ne s’afficherait ainsi. Reste donc les perdants. Croire à une conspiration relève du domaine psychiatrique. Quand elle apparaît sur Facebook, une telle ânerie ne doit qu’entraîner un appel de service rapidement reléguer aux bleus en formation. Il n’y a peut-être que Dan Brown ou William Gibson pour y trouver une inspiration créative.

3- Les points 1 et 2 montrent que la motivation à un tel geste est tout autre. La notoriété. Cet ado ne cherchait ni à faire un acte politique, encore moins terroriste, ni à communiquer un message. Il cherchait la notoriété. Aujourd’hui, l’acte artistique est warholien. Quelle est la question de sondage qui apporte la plus grande viralité ? La question a été créée dans le seul mais de provoquer le maximum d’impact viral. Tel est la condition humaine à l’ère du 2.0.

Notons que le jeune possède cette double compétence, celle de programmer une application Facebook et de saisir l’esprit du temps, ce qui fait de lui un magnifique spécimen fonctionnel dans la société d’aujourd’hui.

On aurait peine à croire que les américains stresseraient à propos d’un ‘Faut-il tuer yzokraS?’ (je verlan pour éviter les indexations hors contexte) ou la même chose avec Ahmadinejad.

Il faut être en diapason avec son milieu et son époque pour provoquer. « Pour commencer, je voudrais que vous tous fassiez attention à ce que vous postez (…)« . L’ado a bien compris le message. Il a fait très attention à ce qu’il a posté…


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Erwan

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Erwan

Erwan, expert digital pour Coeur sur Paris, offre des insights pointus sur le marketing et les réseaux sociaux. Avec une plume vive et une analyse fine, il transforme les complexités du digital en conseils pratiques et tendances à suivre.