Réseaux sociaux

Et si on faisait le point sur Twitter ? (première partie)

Twitter, on en parle beaucoup, du moins dans certains milieux. Outil incontournable de webmarketing pour certains, épiphénomène et gadget de geek pour beaucoup d’autres, Twitter intéresse les médias traditionnels et suscite beaucoup de questions : Qui l’utilise ? Pour faire quoi ? Avec quelle valeur ajoutée ?, etc.

Loin d’être un rapport exhaustif, cet article en plusieurs parties vise à résumer un peu les nombreuses informations que l’on peut collecter dans la web-sphère ainsi que quelques réflexions personnelles faites en tant qu’utilisateur et consultant en stratégie web.

Première Partie : Des utilisateurs, de la politique et la couverture médiatique…

Pour ceux qui ignorent encore ce qu’est Twitter – oui il y en a encore, et ils constituent même une très grande majorité – je renvoie à Wikipedia : « Twitter est un outil de réseau social et de microblogage qui permet à l’utilisateur d’envoyer gratuitement des messages, appelés des tweets (gazouillis en français) de 140 caractères maximum par Internet, par messagerie instantanée ou par SMS. ».

Combien d’utilisateurs ?

Le nombre d’utilisateurs est très difficile à estimer, d’abord parce que Twitter.com ne communique pas de chiffres officiels, ensuite parce que la création de nouveaux comptes suit une courbe exponentielle et qu’il est par conséquent totalement aléatoire de se livrer à des projections même à quelques mois sur base des chiffres qui circulent… Disons que selon les différentes sources, le nombre de comptes créé à l’échelle planétaire varie entre 4 et 10 millions… Cette fourchette pour le moins approximatif doit être comparée au nombre de comptes Facebook (+ de 200 millions en 2009), aux 130 millions de blogs référencés par Technorati en 2008 ou encore au 1,6 milliard d’internautes dans le monde (estimation 2008 également).

Qui utilise Twitter ?
Plus de 75 % des utilisateurs ne connaissent pas leur profil. On ne peut donc dresser de profil socio-démographique de l’utilisateur type. Tout au plus, peut-on dire que les utilisateurs sont majoritairement nord-américains (États-Unis + Canada anglophone), européens et japonais, ces derniers étant les seuls à disposer d’une interface traduite dans une autre langue que l’anglais.

Il ressort également que 55 % des utilisateurs sont très peu actifs ; ils ne suivent personne ou ne postent aucun message. 10 % des comptes seraient même totalement inactifs (ne suivent personne, ne sont suivis par personne et ne postent pas de message). En moyenne, un « utilisateur Twitter » publie un message tous les 74 jours.
D’après une étude Nielsen et Compete.com, 60% des nouveaux inscrits sur Twitter abandonneraient toute activité après le premier mois. Selon la même source, 90 % de l’activité de Twitter serait produite par à peine 10 % des utilisateurs. Rappelons qu’habituellement, on considère que la règle des « 80-20 » est d’application pour le contenu web : sur un forum, 80 % des discussions seraient créées par 20 % des utilisateurs.

Qui communique avec Twitter ?

Si on s’intéresse aux utilisateurs les plus actifs mais pas nécessairement les plus suivis, on découvre que nombre d’entre eux sont des personnes qui bénéficiaient déjà d’une certaine reconnaissance « avant Twitter ». On y retrouve ainsi des bloggeurs influents, des hommes politiques comme John Edwards ou encore des fondateurs de Start Up « 2.0 ». Les Utilisateurs de Twitter ne découvrent donc pas les nouveaux médias, ce sont déjà des habitués.

Les utilisateurs les plus suivis sont des stars dans tous les sens du terme. TwitterHolic nous apprend que dans le top 20 des utilisateurs les plus suivis, 15 d’entre eux comptent plus d’un million de « followers » chacun. Ces nouveaux leaders d’opinion se nomment Ashton Kutcher, Ellen Degeneres, Britney Spears (Britney leader d’opinion, cela fait froid dans le dos…), Perez Hilton, Al Gore, Barrack Obama… Pas de grosse surprise. Ici aussi, les pros de la communication et de «l’Entertainment» sont logiquement les plus visibles.

Une couverture médiatique disproportionnée

La « peopelisation » a été pour beaucoup dans la médiatisation de ce nouveau média. CNN et Oprah Winfrey en tête ont assuré une couverture médiatique qui dépasse de loin l’impact réel de Twitter. Porté par ces poids lourds de l’audiovisuel, Twitter est rapidement devenu le « truc » dont tout le monde parle, même si personne n’y connaît rien (ou presque).

Le phénomène n’a bien sûr pas échappé aux professionnels du Web Marketing qui se sont empressés de proposer des campagnes Twitter à leurs clients. Dell, Volvo, Ford, Starbucks, Renault, tous ont lancé des actions qui ont reçu un large écho dans la presse même si l’analyse des résultats a de quoi laisser dubitatif. En général, ces campagnes ont permis de fédérer quelques centaines à tout au plus quelques milliers de « followers »… Et Twitter a même séduit les PME, à l’exemple de cette pizzeria de la Nouvelle-Orléans. (deux autres articles sur le sujet sur Mashable et Search Engine Journal).

Si on résonne en marketeur, on peut dire ici que le principal attrait de Twitter est de faire parler du client qui l’utilise, même si l’application en elle-même n’apporte qu’un ROI très médiocre…

Les politiques s’en expriment

La popularité du phénomène doit également beaucoup à la participation de Barack Obama. En se prévenant un profil, celui qui n’était alors que le futur président des États-Unis a lancé un véritable électrochoc dans le monde politique. Après Obama, il est devenu pratiquement impossible d’envisager une campagne politique sans un recours intensif aux médias sociaux. A lire certaines analyses, on en viendrait presque à penser que sans Twitter et Facebook, Mister Obama n’aurait pas dépassé le stade des caucus et des primaires.

Plus près de chez nous, en Belgique ou aux Pays Bas, les éditions en ligne de plusieurs quotidiens (re)connus ont agrégé en temps réel sur leur page d’accueil les tweets émis par les hommes et femmes politiques à l’occasion des élections du 7 juin 2009, leur assurant par ce biais une visibilité quotidienne plus de 150 fois supérieure au nombre de comptes Twitter belges (en terme de pages/vues).

Le résultat ne s’est pas fait attendre. Attirés par cette exposition facile, de nouveaux profils d’hommes et de femmes politiques sont apparus pour publier des messages sans intérêt pendant quelques jours, avant de retomber dans le silence absolu dès la clôture des bureaux de vote…

En guide de conclusion (temporaire)

En conclusion, on pourrait dire que Twitter est actuellement en pleine adolescence… dans une phase marquée par une croissance rapide mais pas toujours homogène. Il a un potentiel encore très incertain et souffre des inévitables maladies de jeunesse : spam, premiers virus, bruit conversationnel et usage parfois un peu puéril, voire excessif.
Il faudra attendre la phase de stabilisation, quand les comptes des utilisateurs venus en touristes seront nettoyés, lorsque les utilisateurs plus réguliers trouveront comment situer ce nouveau média dans le panel d’outils déjà disponibles. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’on pourra dire si les premiers à avoir intégré Twitter dans leur plan de communication étaient des visionnaires ou des flambeurs.
Dans un prochain billet, nous essayerons de faire le point sur les types d’usages possibles de Twitter, et plus précisément sur les applications en terme de marketing, d’entreprise 2.0 ou de gestion de réputation en ligne.

Erwan

Rédigé par

Erwan

Erwan, expert digital pour Coeur sur Paris, offre des insights pointus sur le marketing et les réseaux sociaux. Avec une plume vive et une analyse fine, il transforme les complexités du digital en conseils pratiques et tendances à suivre.