Hier est paru un livre blanc sur le social learning en entreprise. Il est le premier d’une série sur le même thème. Il a été dirigé par Frédéric Domon et Harold Jarche. Une de ses principales spécificités est de regrouper des auteurs francophones et anglophones. Du coup ce livre contient des articles dans les deux langues (chaque article a été traduit dans l’autre langue). A ce livre blanc s’ajoute une initiative collaborative : le blog carnaval ecolab.
Voici ma contribution, qui revient sur l’e-learning en entreprise et les apports du social learning pour cette dernière.
La définition donnée par l’Union européenne de l’e-learning englobe le social learning : « l’e-learning est l’utilisation des nouvelles technologies multimédias de l’Internet pour améliorer la qualité de l’apprentissage en facilitant d’une partie l’accès à des ressources et à des services, d’autre part les échanges et la collaboration à distance».
Dans les faits, l’e-learning a dérivé vers une formation à distance asynchrone souvent dans une pédagogie frontale, avec quelques exercices pratiques. Au regard de la définition originale, si l’accès aux ressources et services s’est concrétisé, les échanges sont souvent à sens unique et la collaboration est quasi inexistante.
Pour essayer de compenser ce besoin, les entreprises ont recours à un mode d’apprentissage mixte, le blended learning. Cela désigne le recours au e-learning suivi d’un accompagnement plus classique en « présentiel ». On alterne ainsi entre des sessions en ligne et des sessions en face à face, avec un formateur, mettant en application, de façon plus participative (exercices, jeux de rôle…), les concepts expliqués lors du e-learning. Cela répond à une demande des collaborateurs de l’entreprise qui souhaite, à juste titre, échanger avec leurs collègues. Dans le e-learning, tel qu’il est pratiqué actuellement, ils se retrouvent seuls devant un ordinateur (chez eux ou au travail).
On retrouve finalement le système d’enseignement « classique » de la culture européenne, à l’exception de certains courants pédagogiques comme l’école Freinet ou celle de Francisco Ferrer, du professeur (virtuel ou non) détenteur d’un savoir qu’il dispense, suivi d’exercices d’application et d’évaluation.
Si les américains sont plus perméables à la notion de social learning, cela vient peut-être du fait que l’enseignant (du moins à l’université) propose une série d’ouvrages à étudier, autour de décider il va organiser une discussion, où chacun va participer pour enrichir son apprentissage et celui des autres. Aujourd’hui les médias sociaux vont permettre de compléter/remplacer l’e-learning remettant de la collaboration, du « social » dans les modes d’apprentissage :
• auto apprentissage (vcast, podcast, bookmarking, ranking, tutoriaux…),
• collectifs à travers des discussions et des échanges (réseaux sociaux,
microblogging, forums, wikis, blogs, chat, échanges de fichiers, VOIP…).
Tous ces savoirs informels vont pouvoir être capitalisés pour/par la communauté des apprenants et surtout enrichis par tous. En effet, chacun organise généralement son apprentissage. Il faut donc donner les moyens et l’envie de partager ou de « socialiser » ce personnel de travail, à l’ensemble des apprenants (c’est le rôle de l’aninateur/formateur). Le but étant de pouvoir s’auto organiser pour une construction un apprentissage collectif et collaboratif, premier pas vers une intelligence collective.
Le social learning répond aussi au besoin des entreprises pour renforcer le lien social dans leurs équipes. Surtout si ce lien perdure au-delà des sessions de formation. Le social learning développe donc un apprentissage plus proactif, mais surtout une autre façon de s’organiser et de travailler ensuite : renforcer le travail d’équipe en mode projet, et mettre en place des communautés et du travail collaboratif dans l’entreprise.
Un des axes développés dans les textes officiels de l’Éducation nationale en France est de mettre l’élève au centre du système. Grâce aux médias sociaux et au social learning, les collaborateurs sont au centre de leur apprentissage, qu’ils co-construisent ensemble. Le social learning permet un vrai changement de paradigme, avec une formation renforcée, dans le même temps de manière collective et individuelle, où chacun :
• devient un véritable acteur de sa formation (sélection des informations, organisation des besoins, échanges et travail en réseau…),
• apprendre à fonctionner de manière collaborative (développement de cette culture au sein de l’entreprise, pour rendre cette dernière plus agile).
Voici le livre blanc dans son intégralité :
Entreprise Collaborative – Une Introduction Au Social Learning
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